Commission défense 5 octobre 2022
Nos interventions tournent autour de sujets bien connus et répertoriés. Ils sont de portée financière et reflètent les inquiétudes des associations combattantes concernant le Droit à Réparation.
Aujourd’hui, nos demandes sont souvent des ajustements, parfois mineurs, parfois plus sérieux de dispositions déjà en vigueur. Le souci de tous est le maintien du Pouvoir d’achat du pensionné militaire. Ce maintien, promesse récurrente des candidats à la magistrature suprême, disparait dès l’automne venu quand arrive la rigueur budgétaire. Si la rigueur budgétaire permet le retrait de promesse ; le soldat ne dispose pas de ce droit de retrait face aux risques du combat. Je vous prie d’excuser ce propos trivial : quand il faut y aller il faut y aller même si c’est chaud !
Pourtant, malgré les apparences, la conjoncture me semble bonne.
Chaque année, l’érosion de nos effectifs rend la charge financière plus légère. Les sommes, ainsi préservées, pourraient permettre d’actualiser de nombreuses dispositions et viendraient, ainsi, protéger le pouvoir d’achat du pensionné.
En plus de ces considérations générales, l’Union fédérale voudrait insister sur deux points. Seul le premier a des implications financières.
Il s’agit des conjoints survivants des grands invalides de guerre. Ceux-ci, il serait plus exact de dire celles-ci, sacrifient leur vie à soigner de grands blessés, elles ne sont salariées d’aucune entreprise. Le conjoint, impotent, n’exerce aucune profession. Ils n’ont droit à aucune retraite et leur veuve qui n’a pas de retraite ne touche pas de réversion. Pourtant, il y a bien eu travail de soignant ou d’aide-soignant quotidien. Ces conjointes ou conjoints ont servi la Nation toute leur vie. Il serait juste et équitable qu’une retraite leur soit donnée en fonction des soins prodigués et de leur durée.
Le deuxième point concerne la Reconnaissance envers les familles de nos combattants en opérations.
Comme beaucoup parmi nous, je n’ai pas connu les deux premiers conflits mondiaux. Par contre, je me souviens des périodes des guerres d’Indochine et d’Algérie. Les médias de l’époque, la radio, relataient presque quotidiennement les opérations. Aujourd’hui, alors que 12000 soldats français sont sur le terrain, dans le monde entier, rien dans les médias.
Ce sont 12000 familles impactées. C’est une inquiétude parfois terrible, sur des parents, des conjoints et des enfants. Les conséquences de cette inquiétude sont multiples : divorce, dépression, problèmes de santé, comportement scolaire. Les difficultés, parfois financières sont souvent logistiques et administratives : travaux à faire dans la maison, déménagements, inscription dans les écoles, modification des abonnements – internet – téléphoniques –, rien n’est simple. Le moindre événement a des conséquences sur le moral : changer une bouteille de gaz, faire venir les artisans, recevoir des livraisons. Un sourire toutefois, ces souvenirs peuvent devenir de bons souvenirs : par exemple, vos bagages peuvent faire plusieurs fois le tour du monde et quand vous les récupérez, par nécessité vous avez changé la garde-robe de tout le monde. Vous avez dans vos armoires des paires de rideaux à ne savoir qu’en faire, si un conseil : faire de grands ourlets.
Bref, la France ignore presque tout de la vie des familles de militaires, de combattants. Cette vie n’intéresse pas les médias. Qui se soucie de vos rideaux ? De temps en temps, une petite table ronde sur le sujet avec des témoignages pourrait aider à cette reconnaissance. La réparation ne doit pas s’arrêter à des dispositions financières, c’est aussi de la compréhension, de la considération et de l’amitié.
Comme l’écrivait René CASSIN, le droit à Réparation ne s’arrête pas à la mort du Combattant.
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